Les chiens de protection dans le Massif jurassien


L’élevage ovin dans le Massif jurassien
L’élevage ovin et caprin dans le Massif jurassien repose sur des systèmes identiques à ceux pratiqués dans l’Est de la France. Il y a peu d’alpage, pas de gardiennage et les animaux sont en parcs de pâturage, dispersés sur l’ensemble du territoire.
Les éleveurs ne sont pas tous professionnels et l’atelier ovin ne représente pas forcément la source principale de revenus de l’exploitation. La taille des troupeaux est petite ou moyenne.
Données de 2007 :

  • 59 % des exploitations ont moins de 50 brebis
  • 12 % des exploitations ont plus de 200 brebis (50 % de l’effectif régional).

Les facteurs de vulnérabilité face à la prédation à l’échelle des îlots de pâturage peuvent être :

  • L’isolement des îlots vis-à-vis des activités humaines
  • L’éloignement de la bergerie
  • Les abords des îlots de pâturage (boisement)
  • La surface des îlots
  • Le relief et la végétation à l’intérieur des parcs de pâturage
  • L’équipement des îlots (vétusté des clôtures)
  • La durée d’exposition et le type d’animaux
  • Le nombre d’îlots de pâturage.

Sans être exhaustive, cette liste dresse les principaux facteurs de risques liés à la
prédation face aux conditions d’élevage dans le Massif jurassien.

Profil d’un chien évoluant dans le contexte jurassien
Les conditions d’élevage et la conduite des troupeaux dans le Jura diffèrent de celles pratiquées dans les Alpes et les Pyrénées. Il est donc fondamental que le chien de protection jurassien bénéficie d’une éducation et d’une mise en place adaptées. La formation qu’il suivra n’est pas un dressage puisque le chien protège son troupeau d’instinct. Néanmoins, il est primordial d’assurer une éducation de base dès le plus jeune âge et apporter les corrections nécessaires si le comportement du chiot ne donne pas satisfaction. Il faut notamment renforcer l’attachement au troupeau, veiller au respect des limites de son domaine d’action et sociabiliser l’animal pour éviter les conflits avec les autres utilisateurs de la nature lorsque le chien sera adulte.

Dans le Massif jurassien, les troupeaux ovins sont petits ou moyens et ne comptabilisent jamais plusieurs milliers de bêtes comme ce peut-être le cas dans les Alpes et les Pyrénées. De plus, le cheptel ne déambule pas sur des estives sous la conduite d’un berger mais reste confiné dans des parcs qui sont déplacés par l’éleveur au cours de la saison. Les conditions jurassiennes semblent donc plus favorables à une protection efficace contre les attaques des prédateurs. Les deux aspects fondamentaux de l’éducation des chiens de protection dans le Massif jurassien sont : l’attachement au troupeau et le respect des limites du parc.


L’attachement au troupeau

L’efficacité de la protection assurée par le chien est dépendante de son attachement au troupeau. Ce lien affectif envers les moutons n’est pas inné, il se créé entre la 3ème et la 16ème semaine chez les chiens de protection. Le naisseur puis l’éleveur doivent donc mettre l’animal dans les meilleures conditions pour que cet attachement se réalise correctement.

L’attachement s’opère en premier lieu avec la mère et la fratrie puis avec les autres espèces. Il est important que les chiots puissent naître en bergerie pour être tout de suite plongés dans l’environnement qui sera le leur tout au long de leur vie. Lors de la mise en place du chiot chez l’éleveur, il faut qu’il soit immédiatement intégré dans son nouveau troupeau (groupe d’agnelles de préférence) et ne pas séjourner dans la ferme ou en compagnie d’humains. En effet, le comportement d’attachement se renforce entre 4 et 6 mois quel que soit l’objet de l’attachement (mère, fratrie, autres espèces). Il faut donc consolider ce lien envers les moutons durant cette période et éviter que le chiot ne s’attache à d’autres éléments de son environnement.

Idée reçue
De nombreuses personnes, et notamment des éleveurs, pensent encore que la protection du troupeau est dépendante de l’agressivité du chien. Cette idée est fausse et contre productive. Le chien assurera une bonne protection des moutons uniquement s’il est attaché à son troupeau. De plus, un animal rendu agressif posera inévitablement des problèmes à son propriétaire en se montrant menaçant, voire plus, vis-à-vis des humains et des autres espèces qu’il rencontrera.

Le respect des limites du parc
L’attachement du chien au troupeau est essentiel afin d’assurer une protection optimum. Il est d’autant plus important dans le Massif jurassien en raison de l’absence de berger avec les moutons. En effet, la parcage des animaux dispense l’éleveur d’être présent pour conduire et surveiller ses bêtes en permanence. Le chien reste seul, jour et nuit, avec les moutons. Il est donc “responsable” de la protection du troupeau et, de ce fait, ne doit pas franchir les limites du parc. Un chien fugueur n’assure pas une protection correcte du troupeau et peut poser des problèmes à l’éleveur (accident de la circulation, conflits avec d’autres animaux rencontrés etc…). L’apprentissage des limites du parc se fait à la sortie du chiot de la bergerie, dans un petit enclos électrifié. Après avoir passé quelques temps dans cet enclos, toujours en compagnie d’un groupe de moutons, le jeune chien sera ensuite introduit dans le troupeau.