Fermiers et prédateurs, toujours sur la bonne voie dans le Karoo!

Karoo Predator Project, 4ème épisode en Afrique du Sud! Après le dernier article publié en novembre dernier (Relire le précédent article ), voici les dernières nouvelles de cette étude de terrain sur la cohabitation élevages/prédateurs très intéressante menée et commentée par Marine Drouilly:

Depuis le dernier article, le Karoo Predator Project a obtenu les premiers résultats des pièges photographiques dans la Réserve d’Anysberg. La moitié de la zone a été couverte et la seconde moitié est en cours. D’énormes inondations en janvier (hors saison des pluies pourtant !) ont causé de gros dégâts au niveau des routes qui ont disparu. Suite à toute cette eau, la végétation est verdoyante et les animaux semblent se porter à merveille avec une recrudescence du nombre d’observations de micrommamifères, de nombreuses naissances et des animaux en bonne santé. Par contre, plus aucune observation de serpent…

Chat sauvage africain et sa proie.

Chat sauvage africain et sa proie.

60 860 photos ont été prises et sont en train d’être analysées. Deux nouvelles espèces pour la Réserve ont été détectées : le ratel dont les populations sont en déclin et le potamochère. Question prédateurs, plusieurs léopards ont été photographiés, ainsi que de nombreux chacals à chabraques et chats sauvages, mais très peu de caracals. Est-ce du à la présence de léopards qui limiteraient par compétition le nombre de caracals ? C’est peut-être le cas car la littérature scientifique montre que les super prédateurs comme le loup (ici, le léopard) peuvent contrôler les populations de mésoprédateurs comme le coyote (ici le caracal).

Photo2 : Chacal à chabraque photographié par un piège photographique en pleine journée dans la Réserve d’Anysberg – ce qui n’arrive jamais dans les fermes où ils sont persécutés et possèdent des moeurs nocturnes.

Chacal à chabraque photographié en pleine journée dans la Réserve d’Anysberg – ce qui n’arrive jamais dans les fermes où ils sont persécutés et possèdent des moeurs nocturnes.

Photo3 : Seul super prédateur présent dans le Karoo, le léopard se cantonne dans les montagnes les plus reculées de la Réserve et les gorges densément végétalisées.

Seul super prédateur présent dans le Karoo, le léopard se cantonne dans les montagnes les plus reculées de la Réserve et les gorges densément végétalisées.

En janvier, le fermier qui avait capturé le caracal nommé Freedom m’appelle de nouveau. Cette fois, c’est un chacal qu’il a capturé. Son expérience avec Freedom ayant été concluante, il décide cette fois de demander la pose d’un collier GPS sur le chacal plutôt que de le supprimer. Résultats de plus en plus encourageants car le chacal est l’ennemi numéro 1 des fermiers dans le Karoo!!

Il s’agit d’une petite femelle, que l’on a choisi d’appeler Rain car il s’est mis à pleuvoir lors de la pose de son collier, signe de chance pour les fermiers de cette zone aride d’Afrique du Sud. Depuis 10 semaines, Rain nous apporte donc d’intéressantes informations sur la vie d’un chacal au sein d’une ferme d’élevage.

Tout d’abord, son territoire semble être de petite taille (5,8 km2 seulement). Par ailleurs, elle nous montre qu’elle franchit très bien les clôtures sensées être « anti-prédateurs » et qu’elle a besoin de boire au moins une fois, mais plus souvent deux fois par jour. L’accès à l’eau est peut-être une des solutions face aux conflits entre les fermiers et ces prédateurs, plutôt que l’érection de clôtures qui impactent toute la faune. Plus de données sont nécessaires pour pouvoir conclure.

Carte représentant la zone d’étude (en gris) et les territoires des premiers prédateurs équipés de colliers GPS (en orange et vert)

Carte représentant la zone d’étude (en gris) et les territoires des premiers prédateurs équipés de colliers GPS (en orange et vert)

L’élan du Cap est le plus gros herbivore d’Afrique. Il est présent à Anysberg et souvent représenté dans les arts rupestres des premiers chasseurs San.

L’élan du Cap est le plus gros herbivore d’Afrique. Il est souvent représenté dans les arts rupestres des premiers chasseurs San.

En 2014, avec un peu de retard du aux inondations et à l’obtention de permis, le Projet va mettre l’accent sur la capture et la pose de colliers GPS sur chacals et caracals de la zone d’étude (voir carte jointe). Le but étant de poser des colliers sur des animaux voisins pour également pouvoir étudier les interactions inter- et intra-spécifiques. Nous espérons vous donner bientôt plus de nouvelles du Projet.

Marine Drouilly