Pose de colliers GPS et reportage photo

Voici les dernières nouvelles du Karoo Predator Project de la part de Marine Drouilly:Le Karoo Predator Project continue ses recherches de terrain sur les conflits entre éleveurs et mésoprédateurs dans la région désertique du Karoo. 

En 2014, l’accent est mis sur la conduite de questionnaires auprès des éleveurs et la pose de colliers GPS sur les mésoprédateurs pour en apprendre davantage sur leur écologie spatiale notamment. Les colliers sont actifs pendant 8 mois environ, après quoi ils se détachent automatiquement de l’animal (à une date préprogrammée par le chercheur). Cela évite de devoir le re-capturer et en cas de non-recapture, le prédateur ne se retrouve pas à finir sa vie avec un collier inutile autour du cou.

Les chacals à chabraque étant particulièrement difficiles à attraper du fait de l’intense persécution dont ils sont l’objet, j’ai fait appel à un ami américain : Patrick Jackson, qui étudie les coyotes dans le Nevada en plus d’être trappeur. Nous avons pu concevoir ensemble un nouveau piège pour mésoprédateurs farouches, respectant toutes les recommandations les plus sévères en termes d’éthique et de bien-être animal et permettant de ne pas blesser l’animal capturé, de limiter son stress et d’être très spécifique. Sa venue fut une expérience intéressante pour tout le monde et les fermiers ont posé beaucoup de questions sur l’écologie du coyote, très similaire à celle de « leur » chacal. Ce fut l’étonnement général lorsque Patrick leur a montré que plusieurs études avaient mis en évidence que la persécution du coyote pouvait entraîner les femelles bêta à se reproduire, les portées à être plus nombreuses et biaisées vers le nombre de femelles. En un mot, que plus l’on tuait de coyotes, plus il risquait d’y en avoir. La biologie et le comportement du chacal à chabraque dans les fermes du Karoo semblent très similaires à ceux du coyote au Nevada. Cela laisse à réfléchir, même si certains fermiers restent sceptiques…

Patrick Jackson, scientifique et trappeur américain en train de tester le nouveau piège conçu pour le Projet avec Marine Drouilly.

Patrick Jackson, scientifique et trappeur américain en train de tester le nouveau piège conçu pour le Projet avec Marine Drouilly.

Le jeune chacal Leroy anesthésié et sur lequel Marine a posé un collier GPS.

Le jeune chacal Leroy anesthésié et sur lequel Marine a posé un collier GPS.

Un nouveau chacal a été capturé en mai. Il s’agit d’un jeune mâle que l’éleveur a nommé Leroy. La pose du collier GPS s’est effectuée de nuit et tout le monde est rentré se coucher à 3 heures du matin, dans l’attente de recevoir les premières données. Celles-ci se sont avérées incroyables sur le moyen terme. 3 semaines après la capture, un grand rassemblement d’éleveurs a eu lieu dans la zone où Leroy se trouvait, pour une régulation des prédateurs. Leroy a alors quitté la ferme qu’il occupait. Ce fut le début d’un grand voyage pendant lequel le chacal a dispersé sur plus de 1600 km en 15 semaines. Personne ne s’attendait à voir un jeune chacal sans expérience passer au travers des pièges, poison, chasses organisées et traverser plus d’une trentaine de fermes sans se faire prendre ! Une nouvelle illustration de leur intelligence et de l’inefficacité des barrières actuelles (pour faute de maintien ?) censées être anti-prédateurs. C’est maintenant le temps de la reproduction et les chacals ont formé des couples, choisi un terrier pour que les femelles y mettent bas et arrêté de faire de grands déplacements. Il semblerait que ce soit bien le cas de Leroy qui ne se déplace plus que sur un territoire très limité !

La photographe Nathalie Houdin

La photographe Nathalie Houdin

Le photographe Denis Palanque

Le photographe Denis Palanque

Fin octobre et pour 3 semaines, le Projet va recevoir deux photographes professionnels spécialisés dans la photographie de Nature et de conservation : Nathalie Houdin et Denis Palanque. Leur projet photographique va s’intéresser aux conflits entre éleveurs et prédateurs, à la dure vie quotidienne des fermiers locaux, mais aussi à la faune du Karoo et à ses paysages arides, ainsi qu’au travail de terrain du Karoo Predator Project. C’est un réel défi à relever car les animaux de la région sont craintifs, nocturnes et donc très difficiles à photographier. Nathalie et Denis sont en train de mettre en place toute une série de plans pour ramener des clichés originaux et apporter leur pierre à l’édifice pour aider à la conservation et au développement durable des fermiers.

Vous pouvez d’ores et déjà suivre le déroulement de leur projet photographique sur leur page facebook:

Au coeur du Karoo

et leur donner un coup de pouce sur le site KissKissBankBank:

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Je vous dis à bientôt pour de nouvelles aventures et découvertes dans le Karoo.