L’impact positif des prédateurs et des charognards face à la propagation des maladies

Les prédateurs et les charognards, par le biais de leurs activités, de leur mode de vie ou encore de leurs régimes alimentaires, sont capables de rendre à l’homme un grand nombre de services écosystémiques, et jouent un rôle important dans la régulation des écosystèmes.
(Suraci J.P. et al., 2016).
En effet, ils favorisent la diversité floristique en réduisant la pression de pâturage des
herbivores et augmentent la biomasse végétale et animale disponible (O’Bryan C.J. et al.,
2018). Ils sont capables d’influencer fortement les rendements agricoles, en limitant les
potentiels ravageurs de cultures, et certaines espèces de chiroptères (chauve-souris) sont mêmes considérées grâce à leurs actions comme les animaux non-domestiqués les plus importants sur le plan économique (O’Bryan C.J. et al., 2018).

Cependant le contrôle des zoonoses (maladies infectieuses ou parasitaires transmissibles
d’un animal vertébré à l’Homme) exercé par les prédateurs et les charognards, est le service le plus favorable au bien-être humain.
Les zoonoses représentent actuellement plus de 60% des maladies humaines connues
(O’Bryan C.J. et al., 2018), à l’instar de la grippe aviaire H5N129, du virus Ebola ou de
l’échinococcose, avec des répercussions sanitaires importantes.

Les prédateurs réduisent le nombre d’hôtes infectés (bien qu’ils puissent eux-mêmes être
vecteurs) en s’attaquant aux proies les plus faibles,  et de ce fait diminuent la propagation de la maladie.

Andalousie - Avril 2013

Renard roux

Le renard est un allié de l’Homme. Il joue un rôle de régulateur face à la prolifération de  maladies, notamment la maladie de lyme,  grâce à la réduction significative des rongeurs et des tiques. Certaines études ont démontré que la destruction d’une population de 800 renards dans l’Est de la France a augmenté de 40 à 55% la prévalence de l’échinococcose (Combe S. et al., 2017).
La prédation des léopards sur les chiens errants en Inde réduit considérablement le nombre de morsures subies par les humains, donc leurs expositions à la rage (O’Bryan C.J. et al., 2018).

Les charognards quant à eux, présentent également des avantages économiques (en 2010
en France, les vautours ont épargné près de 430 000€ au service d’équarrissage) et
sanitaires importants (Choisy J., 2011). En effet, les charognards sont considérés comme
des culs-de-sacs épidémiques. Ils sont capables de détruire toutes les bactéries pathogènes
présentes sur les carcasses, qui en leur absence, auraient étés conservées en surface par
les lombrics, ou dispersées dans les compartiments aquatiques et aériens. La métabolisation des carcasses est donc indispensable pour réduire la persistance des zoonoses dans l’environnement (Probst C. et al., 2019).

Les services rendus par les prédateurs et les charognards sont indispensables au bien-être humain et à l’équilibre des écosystèmes. Il est primordial, en ces temps de crise, d’être conscient du rôle que joue chaque unité du vivant, et d’en tirer des enseignements.

Mahikan Raydelet Bailly-Salins

Références:
Choisy J.P., 2011 – Les vautours à la croisée des politiques de biodiversité, du tourisme, de
l’environnement et de l’agriculture – Courrier de l’environnement de l’INRA, 61:69-84.
Comte S., Umhang G., Raton V., Raoul F., Giraudoux P., Combes B., Boué F., 2017 –
Echinococcus multilocularis management by fox culling: An inappropriate paradigm –
Preventive Veterinary Medicine, 147:178-185.

O’Bryan C.J., Braczkowski A.R., Beyer H.L, et al., 2018 – The contribution of predators
and scavengers to human well-being – Nature Ecology & Evolution, 2:229-236.
Probst C., Gethmann J., Amler S., et al., 2019 – The potential role of scavengers in
spreading African swine fever among wild boar – Scientific Reports, 9, numéro d’article: 11
450.
Suraci J.P., Clinchy M., Dill L.M., Roberts D., Zanette L.Y., 2016 – Fear of large
carnivores causes a trophic cascade – Nature Communications, 7, numéro d’article: 10698.